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ÉLECTIONS EUROPÉENNES : RISQUES DE DÉTOURNEMENT

Dans plusieurs pays de l’UE, la campagne pour les élections européennes est dominée par un ou plusieurs thèmes sans rapport direct avec l’enjeu global et exploités par les mouvements eurosceptiques ou nationalistes en vue de discréditer l’action de l’Union.

 

Les sondages montrent que ces thèmes ont parfois une influence disproportionnée sur les intentions de vote et risquent notamment de favoriser les partis de l’extrême droite. 

 

Parmi ces thèmes, on peut en distinguer trois relatifs aux questions d’environnement, d’immigration et de genre

 

Dans ces trois domaines, « Bruxelles » est accusée de promouvoir des politiques interventionnistes inspirées plus par des courants idéologiques et détachées des réalités de terrain que par des analyses objectives des problèmes à résoudre et des capacités d’action de l’Union.

 

En matière d’environnement, une partie de l’opinion considère que certaines règles européennes provoquent des contraintes excessives allant au delà du nécessaire voire du supportable. C’est notamment le cas en matière agricole mais aussi pour une large gamme de règlementations affectant la vie quotidienne des citoyens et le fonctionnement de l’économie. Ce n’est pas tant la finalité de la politique environnementale en elle-même qui est contestée que le nombre et la rigueur croissants de normes régissant jusque dans le détail une gamme toujours plus large d’activités.  

 

En matière de règles migratoires, le malaise est créé par le sentiment que Bruxelles n’est pas suffisamment consciente de l’ampleur du défi posé par un phénomène mondial de déplacement massif de populations auquel l’Europe est particulièrement exposée. Les mesures prises semblent tardives et insuffisantes au regard du potentiel migratoire croissant et des capacités réelles d’accueil et d’insertion. Au surplus, l’opinion a parfois l’impression que la prise en compte prioritaire de normes visant à assurer le respect des droits des migrants handicape toute tentative de régulation.(1) 

 

En matière de genre, la critique souvent exprimée est double. Bruxelles est d'abord accusée de sortir de ses domaines de compétence et de légiférer sur des questions de moeurs étrangères à sa mission de base. Elle est également soupçonnée de se laisser entrainer par des courants activistes assez éloignés du sentiment et des préoccupations de la plupart des « gens » - et de prendre ainsi des positions ou des mesures susceptibles de choquer une partie de l’opinion. Il est curieux de constater à quel point ce sujet s’avère clivant en particulier dans certains nouveaux États membres - alors qu’il n’est guère présent dans d’autres tels que la France.(2) 

 

Le bien ou mal fondé de ces critiques n’est pas ici le sujet. Il s’agit seulement de constater que, dans ces trois domaines (d’autres auraient pu être cités), le « ressenti » d’une partie de l’électorat est susceptible d’influencer le scrutin de Juin 2024 - dans des proportions variables selon les pays. Et de faire perdre de vue l’enjeu supérieur de ce vote : celui de l’adhésion citoyenne à une poursuite et à un renforcement de la mission générale de l’Union européenne. L’ampleur des défis qu’elle doit relever en matière sécuritaire, économique, climatique, sanitaire, … ne devrait pas être brouillée par ce type de malaises et de malentendus au surplus facteurs de divisions internes. C’est la responsabilité des partis politiques de bien dégager « the big picture » de cet exercice démocratique quinquennal.

 

À l’heure où les partis d’extrême droite semblent en mesure de former une coalition - ou au moins un front commun - au niveau européen, il serait utile de recentrer le débat sur les enjeux les plus graves et les plus immédiats dont le principal est bien sûr celui de la préservation de la sécurité de l’Europe face à l’impérialisme russe. 

 


Jean-Guy Giraud  20 -05 - 2024

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