Le Ministre tchèque des Affaires Européennes aurait annoncé une nouvelle invitation à la première réunion de la Communauté Politique Européenne (6 Oct. 2022 à Prague) : celle de l'état d’Israël.(1)
Dans une précédente note (2) nous avions estimé à 44/47 le nombre des Etats probablement invités (27 UE + 7 candidats + 7 AELE + 6 divers).
Israël ne figurait pas dans cette liste, notamment pour des raisons géographiques - mais aussi, sans doute, du fait de son attitude ambigüe vis à vis du conflit ukrainien et de la Russie de Poutine. Son invitation ajoute un élément nouveau dans une initiative visant à rassembler les états démocratiques du continent européen.
De même, le Ministre tchèque estime que la Turquie (état candidat à l’adhésion à l’UE) devrait être invitée comme initialement prévu. Enfin, on a appris que la Suisse avait accepté son invitation, laquelle présente un intérêt particulier et pose moins de problèmes (2).
La façon dont semblent lancées ces invitations appelle quelques remarques :
le nombre et la situation politique des Etats invités (hors ceux de l’UE 27) sont des éléments importants des chances de succès de la CPE : une trop grande extension géo-politique de la participation risque à l’évidence de compliquer les choses en élargissant/diluant les débats et les objectifs et en faisant apparaitre dès le départ des divisions au sein même de la future « Communauté »,
le danger encouru pour la CPE est d’apparaitre comme une sorte d’ONU diplomatique européenne sans réelle consistance ni moyens d’action,
pour éviter ces risques, une distinction entre « états participants » et « états observateurs » serait peut-être opportune, au moins dans une première phase,
les initiatives du gouvernement tchèque gagneraient à être étroitement coordonnées avec la Présidence du Conseil européen mais aussi avec le gouvernement français. Celui-ci est en effet non seulement à l’origine de l’initiative mais semble aussi être le seul à avoir des idées précises sur les modalités et les objectifs - bien qu’il ne les ait pas encore dévoilées à ce stade,
le Royaume-Uni de Mme Truss a-t-il été invité ou au moins sollicité ? Sa participation est aussi cruciale qu’incertaine (2),
la position des États-Unis - bien que non participants - sera déterminante mais elle n’est pas officiellement connue à ce jour. Les USA de M.Biden devraient en principe être favorables à l’esprit de l’initiative pour des raisons géo-politiques évidentes. Toutefois, l’appui américain dépendra aussi de la clarification des objectifs de la CPE, de sa crédibilité et de la cohésion des participants : autant d’éléments que, pour l’instant, le pilotage de l’exercice est loin de garantir,
il est étonnant que - à moins de 15 jours de la première réunion (qui sera aussi une « première » sur le plan diplomatique) - une telle incertitude persiste. Peut-être s’agit-il d’une manoeuvre tactique des chancelleries (cad des sherpas) visant à éviter des désaccords prématurés mettant en péril le démarrage même de l’exercice ?
le pire serait évidemment le brouillage que provoquerait un manque de coordination de la part des dirigeants de l’UE (Présidences du Conseil européen, du Conseil de Ministres, de la Commission et gouvernements des principaux Etats membres) qui se trouvent - parfois malgré eux ou du fait des hasards de calendrier - au centre de toute l’affaire.
Jean-Guy Giraud 20 - 09 - 2022
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