Lors de sa réunion du 16 Décembre 2024, le Conseil a adopté des « conclusions » sur le « renforcement de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent » (1).
De fait, le sujet de la lutte anti-terroriste est d'une gravité et d'une actualité majeures pour l’Union et ses États membres ainsi que le rappelle répétitivement le Conseil dans ses conclusions : :
« The Council underlines that terrorism and violent extremism, in all their forms and irrespective of their origin, continue to pose a major threat to the security of the European Union and its Member States
The Council reiterates that the terrorist and violent extremist threat is continually changing and has both direct and indirect impacts on the security of the EU and its citizens.
The Council emphasises that the threat emanating from violent right-wing extremism and terrorism is increasing, with the expanding transnational connections between violent right- wing extremist groups and individuals constituting a significant challenge. »
Dès lors, on pourrait s’attendre à ce que les 11 pages de ces conclusions fournissent des solutions ou au moins des propositions concrètes susceptibles en effet, de faire véritablement face à de telles menaces.
Au lieu de cela, ce long texte s’apparente plutôt à un exercice bureaucratique, limité au rappel de positions déjà prises et à un appel incantatoire à la coordination des multiples organes européens, nationaux ou internationaux concernés.
La disposition « clé » s’énonce en effet ainsi :
« The Council underlines the importance of engaging on CT and P/CVE with the UN, the Council of Europe, the OSCE, the Global Coalition against Da’esh, NATO, the GCTF and its inspired institutions (Hedayah, IIJ, GCERF), the FATF, the G7, and relevant regional organisations, as well as with the private sector where relevant, such as within the GIFCT and Christchurch Call. »
Les nombreux autres paragraphes sont du même style :
« terrorism and violent extremism must be addressed through a coherent approach that actively integrates the EU’s common foreign and security policy and actions in the area of justice and home affairs.
Ensure that the EU’s CT and P/CVE policy, legislation and tools remain strategically coherent
Promote a comprehensive approach by enhancing the links between external and internal CT and P/CVE efforts,
Promote synergies between the activities of CSDP missions and operations, relevant EU delegations, EU CT/security experts and EU-funded projects on CT and P/CVE. »
Enfin, ces précieuses consignes ayant été actées - et l’habituel rappel des « conclusions » précédentes (du même type) ayant été fait - le Conseil ne manque pas de fixer les prochaines étapes :
« Report regularly to the Council on the progress and effectiveness of CT and P/CVE initiatives
Provide annual briefings on EU-funded capacity-building projects in the field of CT and P/CVE
Follow up on the successful negotiations on the revised pan-European legal definition of terrorist offence »
Et le Conseil de rappeler à cette occasion sa définition humaniste, inclusive et holistique de « la seule réponse durable possible de la lutte contre le terrorisme »
« The Council reaffirms that the only sustainable response to terrorism and violent extremism is one based on democracy, the rule of law, transparency, accountability and gender-responsiveness (?) »
En résumé, si ce texte fait honneur aux talents rédactionnels du Secrétariat du Conseil, il ne devrait pas impressionner outre mesure les milieux « terroristes et extrémistes violents » concernés. Ni, hélas, rassurer leurs cibles potentielles.
On peut toutefois penser que - au delà de tels exercices diplomatico-bureaucratiques classiques au sein d’un aréopage multi-national - les responsables et services de terrain sont déjà en mesure de partager leurs informations et de coordonner leurs opérations et qu'ils sont dotés des moyens et de la liberté d’action nécessaires. La lutte contre le terrorisme est en effet un des cas dans lesquels il serait irresponsable de se satisfaire de vagues déclarations d’intention laborieusement négociées à Bruxelles.
Jean-Guy Giraud
16 - 12 - 2024
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