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DE LA CRISE AMÉRICAINE À L'EUROPE DE LA DÉFENSE

Résumé : la crise américaine - provoquant un risque de blocage généralisé du système - pourrait être de courte durée - et le bouleversement annoncé de la politique étrangère des États-Unis pourrait ne pas se concrétiser.


Cet épisode met toutefois en évidence - en plein conflit ukrainien - la dépendance et la vulnérabilité militaires de l’Europe et pourrait conduire ses dirigeants à entamer des négociations en vue de la création d’une véritable « Europe de la Défense". 



Administration Trump : une crise passagère ... 

Faut-il vraiment prendre au sérieux les gesticulations de l’Administration Trump ?


Plus précisément : combien de temps peut durer l’extraordinaire chaos constitutionnel, juridique, judiciaire, administratif - et, à brève échéance, économique - provoqué par le déluge incessant d’oukases présidentiels improvisés dans tous les domaines de l’activité du pays ?


Cette stratégie de « wrecking ball » - basée sur la rapidité, l'innondation et l'écrasement - frappant de paralysie la plupart des organes fédéraux (y compris les plus névralgiques comme le FBI, la CIA, le Trésor, l’Office du budget et bientôt la Sécurité Sociale) - ne va-t-elle pas, à courte échéance, conduire à un blocage généralisé du système


Cette forme de « terreur » politique trumpienne ne va-t-elle pas inévitablement provoquer à court terme des mouvements croissants d’opposition ou même de révolte dans les milieux politiques, sociaux et économiques ? L’ampleur et la violence de cette terreur sont-elles soutenables dans un pays démocratique et libéral tel que les États-Unis qui n’a jamais, dans son histoire, connu de tels bouleversements ? 


Ne doit-on pas s’attendre, à brève échéance, à une mobilisation et une coagulation des « contre-pouvoirs » politiques, judiciaires, médiatiques, syndicaux, universitaires,… Surtout, combien de temps les dirigeants économiques du pays pourront-ils tolérer de tels désordres qui affectent le climat des affaires et menacent la stabilité financière ?


Le risque avéré de thrombose généralisée du pays devra être maitrisée d’une façon ou d’une autre. L'inévitable réflexe de résistance pourra prendre diverses formes mais, dans tous les cas, elle mettra directement en cause l’Administration Trump. Celle-ci devra alors se soumettre ou se démettre. La deuxième hypothèse parait la plus vraisemblable du fait des circonstances et de la nature même de cette Présidence.


Quoiqu’il en soit, ce serait sans doute une erreur d’analyser la crise de fièvre trumpienne comme la prémisse incontestable d'une transformation globale et durable du système américain dans son ensemble..



… sans incidence déterminante sur la politique étrangères des États-Unis ?  

Il devrait logiquement en être de même pour ce qui est de la politique étrangère du pays. 


Est-il vraiment concevable que l’Administration Trump puisse, de quelques traits de plume, opérer un bouleversement total - et surtout pérenne - de tout le système de relations internationales dont les États Unis sont le centre depuis plus de trois quarts de siècle ? Et qu'elle provoque un basculement durable de ses alliances et de ses engagements à l’échelle mondiale ? Ne faut-il plutôt pas s’attendre à ce que ce brusque revirement subisse le même sort que la révolution interne évoquée ci-dessus et qu’il soit à bref délai mis un terme à cet aventurisme improvisé dans le champ diplomatique et militaire ?


Pour cette raison, il est peut-être prématuré de prédire un véritable renversement de la situation et de l’ordre géopolitique mondial - et, tout particulièrement, de prévoir une rupture durable de l’alliance occidentale qui serait remplacée par une sorte d’improbable coalition américano-russe.



Cette crise met toutefois en évidence la dépendance et la vulnérabilité de la défense européenne ...

Il demeure toutefois que la crise américaine en cours - même si passagère et accidentelle - met en évidence la dépendance structurelle de l’Europe vis à vis de son partenaire atlantique et sa vulnérabilité face à la Russie poutinienne. Dépendance qui, précisément, éclate au grand jour au moment même où le conflit ukrainien entre dans une phase critique et où les États européens sont contraints d’envisager les conséquences d'un éventuel retrait du soutien militaire américain dans cette zone.


Ainsi, de façon presque accidentelle, ces États se trouvent véritablement au pied du mur : sur quelles bases et selon quelles modalités opérationnelles organiser - sur le terrain - un soutien militaire aux forces armées ukrainiennes ? Les rencontres  au sommet des dirigeants européens - assez improvisées et, en apparence, sans concertation préalable au niveau militaire - se succèdent à un rythme accéléré et selon des formats divers.


Les principales solutions envisagées - en fait les seules possibles - sont de nature intergouvernementale : les deux ou trois pays les mieux dotés militairement interviendraient - conjointement mais séparément - en dépêchant des troupes sur le terrain mais en retrait des zones de combat. Toutefois, même une opération de ce type soulève de nombreuses questions et objections qui en retardent encore sa mise en oeuvre.



… et devrait inciter les dirigeants européens à formaliser un accord global d’ "Union Européenne de Défense"

Ce faisant, ces dirigeants sont bien conscients à la fois de leur impréparation militaire et du caractère précaire de tels accords occasionnels, de fait liés à la bonne volonté des gouvernements en place. Aucun accord du type envisagé n’aurait par exemple été possible si les oppositions à ces gouvernements étaient actuellement au pouvoir : le parti conservateur au RU, le parti socialiste en Allemagne, le PIS en Pologne, le RN en France …


Et c’est brutalement confrontés aux limites de ce type d’accords que les dirigeants concernés font de plus en plus fréquemment allusion à la nécessaire création d’une « défense commune » sans toutefois, jusqu’ici, s’attacher à en définir la nature, l’organisation ou les objectifs. Peut-être en viendront-ils finalement à mettre en oeuvre - selon un format à définir - l’article 42§2 TUE qui prévoit précisément cet objectif. Dans cette hypothèse, peut-être la perspective d’une véritable « Union Européenne de Défense » concrétisée par un "Traité de Défense de l’Union Européenne » sera-t-elle envisagée ? 




Jean-Guy Giraud 

03 - 03 - 2025


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