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Photo du rédacteur: giraudjeanbaptiste0giraudjeanbaptiste0

Nous attirons l’attention sur une tribune publiée dans Le Monde du 28 Janvier 2025 et signée - à l’initiative de l’UEF - par un collectif de personnalités. 



Nous en reprenons ci-dessous quelques extraits significatifs :


«  L’Europe subit, depuis des années, des tentatives de déstabilisation étrangères tant internes qu’externes orchestrées par les nouveaux empires que sont la Chine et la Russie. A cela s’ajoute désormais une nouvelle menace provenant d’un Etat historiquement allié, les Etats-Unis (…)


L’Europe est désormais cernée par des empires renaissants dépourvus de toute considération pour les Européens, dirigés par des hommes dominateurs et autoritaires animés par une soif insatiable de puissance et d’expansion (…)


Nous aurions souhaité de la part des dirigeants européens plutôt un « Make Europe Great Again », car l’heure est au sursaut, à l’action offensive (…)


Il est désormais plus urgent que jamais de rassembler l’UE et tous les pays européens qui le souhaitent dans une fédération solide capable de garantir la démocratie en son sein et de préserver son intégrité et son indépendance face à cette internationale impériale (Chine, Etats-Unis et Russie) (…)


Il ne s’agit plus seulement d’améliorer le fonctionnement de l’Union européenne, de la rendre plus démocratique, de faire appliquer le principe de subsidiarité et d’assurer une prospérité à notre continent. Il s’agit désormais, aussi, de garantir notre subsistance et notre survie face à des empires dont la marche en avant ne cessera que si nous nous unissons.(…)


Citoyennes, citoyens, Etats européens, il est impératif d’agir maintenant, car le processus de fédéralisation, d’union et de construction d’une défense européenne, qui est notre ultime dissuasion contre ces empires, prendra nécessairement du temps (…)


le temps n’est malheureusement plus à la coopération internationale mais aux rapports de force entre puissances, et l’Union européenne doit prendre acte de cette nouvelle donne géopolitique. Nous changeons d’époque, nous changeons de paradigme, l’Europe doit changer de logiciel. Prise en étau, l’Europe sera unie, fédérale, ou elle ne sera plus » 

 

 


Ce diagnostic est aujourd’hui assez largement partagé par les politiques et les analystes - du moins dans sa formulation générale et sa phraséologie (« renaissance des impérialismes » ). 

 

Toutefois, un tel appel aurait plus de poids et d’attrait si, dans un second temps, il posait la question fondamentale : « Que faire ? »

 

C’est à dire : par quels moyens politiques et institutionnels serait-il possible de provoquer une contre-offensive européenne à la hauteur des « menaces impériales » ?

 

Il existe certes de nombreux rapports (Costa, Letta, Draghi, …) sur les diverses réformes et mesures sectorielles de renforcement de l’UE.

 

L’UE, par la voix de la nouvelle Commission, propose plusieurs plans, « boussoles », « omnibus », « global gateways » … principalement dans le domaine économique. 

 

Mais, dans les secteurs stratégiques de la politique étrangère et de la défense, les initiatives en cours demeurent inachevées, freinées voire bloquées par l’absence de consensus entre les États membres.  

 

Dès lors, ne peut-on pas légitimement estimer qu'une initiative plus globale, plus générale et de plus grande ampleur serait nécessaire pour déclencher une réaction européenne à ce nouveau phénomène « impérial » qui modifie radicalement les rapports de force intercontinentaux du siècle précédent ? 

 

Si la réponse est positive, elle entraine une deuxième question : quels seraient concrètement les voies et moyens d’une telle initiative? 

 

À plusieurs reprises par le passé, la Communauté puis l’Union ont eu recours à des formules innovantes et disruptives (Conférences, Conventions, ...) - au delà du strict cadre institutionnel - pour franchir des étapes cruciales de leur développement. 

 

La dernière initiative de ce type fut, il y a vingt cinq ans, la Convention qui a élaboré un projet de Constitution européenne. Cette expérience - indépendamment de son objectif précis et de son aboutissement - s’est révélée particulièrement performante quant à sa méthode : caractère démocratique et inclusif, enceinte coopérative, expertise politique et juridique, transparence et médiatisation, … (1)

 

Une enceinte de ce type pourrait-elle être un outil utile dans les circonstances actuelles ? Elle ne se situerait pas dans le cadre formel de la procédure de révision des traités (art 48 TUE) et ne regrouperait pas forcément - au stade initial - l’ensemble des États membres. Son mandat ne serait pas de type législatif ni même constitutionnel. Son rôle serait plutôt d’amorcer - out of the box - un débat et un processus politiques de remise à niveau, de renforcement de l’Union face au nouveau contexte international. 

 

Dans sa configuration et sa culture institutionnelle actuelles, le Conseil Européen n’est pas en mesure de prendre une telle initiative. La Commission en fonction n’en a ni l’ambition ni les moyens. Le Parlement s’est pour l’instant « limité » à proposer une révision - certes ambitieuse mais problématique - du cadre formel des Traités. 

 

Dès lors, seul un groupe d’États membres parmi les plus influents et les plus conscients de la nécessité d’un sursaut géopolitique de l’Europe serait à même de déclencher ce processus et d’envisager, le cas échéant, de le canaliser au moyen d’un outil de type conventionnel. 

 

En résumé, la prise de conscience d’une situation périlleuse ne suffit pas. Elle appelle à la recherche de solutions qui elle-même implique au préalable la recherche d’une méthode de débat et de réflexion adaptée à des circonstances exceptionnelles. Puisse la présente « note-martyre » y contribuer très naïvement et modestement. 

 

 

Jean-Guy Giraud

30 - 01 - 2025

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