Le 23 décembre 1958, le Général de Gaulle décide de lancer un grand emprunt national et populaire pour assainir les finances publiques de la France et relancer l’activité économique - dans la perspective de l’entrée du pays dans la nouvelle Communauté Économique Européenne.
Il en confie la tâche à Antoine Pinay qui avait lancé avec succès une opération du même type en 1952.
Cet emprunt est assorti d’un plan de redressement économique piloté par Jacques Rueff (1)
L’opération s’inscrit dans le cadre historique des grands emprunts nationaux lancés depuis... le XVII siècle pour financer des guerres, résorber des déficits publics ou mobiliser l’épargne en faveur de l’investissement (2)
Ainsi que le relate ultérieurement une analyse du « Journal des Finances » (3) : en dépit des premières réactions négatives, « rarement un plant de redressement connut des résultats aussi rapides : la croissance approche les 7 % dans les quatre années qui suivent ; l'inflation est maîtrisée ; la balance commerciale est excédentaire; la France dès 1960, elle rembourse l'intégralité de sa dette »
Par la suite, quatre autres grands emprunts du même type seront lancés sous la Vème République : Giscard (1973) - Barre (1977) - Mauroy (1983) - Balladur (1993).
Au vu du degré d'intégration financière et économique aujourd’hui atteint au sein de l’UE, une telle opération pourrait se concevoir aussi au niveau européen ou en liaison avec celui-ci. Dans la recherche actuelle de capitaux privés pour financer les investissements en matière d’environnement, d’intelligence artificielle, de défense … (cf. les rapports Draghi et Letta) le recours à un grand emprunt populaire lancé par l’UE pourrait constituer une piste intéressante - même si quelque peu décalée par rapport au nouveau type d’emprunts déjà lancés ou en préparation par Bruxelles (4).
Jean-Guy Giraud 10 - 12 - 2025
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